Elles essaiment sans limite

Près de quinze ans après sa création, le Women’s Forum s’est transformé et a inspiré de nombreux réseaux féminins.

« Certaines travaillent dans des grands groupes comme Burberry, Chanel, Christian Dior Couture, Swarovski ou L’Oréal. D’autres sont écrivaines, consultantes ou créatrices de start-up. Ce lundi 31 janvier, une trentaine de professionnelles du luxe se retrouvent dans un salon de ODDO BHF à l’invitation de The Ladies Bank, le réseau « femmes » de la banque franco-allemande,  pour participer au lancement  d’un cercle Lean In Luxury. Lean In ? Une organisation à but non lucratif lancée en 2010 par Sheryl Sandberg, la numéro 2 de Facebook, pour encourager les femmes à se regrouper en réseaux afin d’« apprendre et progresser ensemble ». Le succès a été immédiat, et aujourd’hui 2 millions de femmes participent à 40 000 cercles dans 170 pays du monde. En France, l’avocate Insaff El-Hassini a donné le coup d’envoi  en 2014 et 136 cercles-réunissant un millier de femmes ont vu le jour.

Solidarité et pouvoir

« C’est une organisation efficace, qui est aussi très libre »,

analyse Bettina Fröhlich, à l’origine de l’initiative du jour. Cette Allemande installée en France, qui a déjà créé d’autres réseaux d’affaires dans le secteur du luxe, a décidé de se lancer après avoir suivi l’été dernier un « atelier d’initiation » proposé par Lean In France. Les objectifs ? Le site Web de l’organisation, qui fournit aussi des outils pour animer les cercles, en propose un certain nombre. Par exemple« se soutenir », « prendre la parole en tant que femmes », « développer de nouvelles compétences », « apprendre à négocier » ou encore « gagner en confiance ».

Lors de la soirée du 31 janvier, chacune des participantes explique à sa façon ce qu’ elle attend du réseau.

« Souvent j’ai l’impression qu’on ne me fait pas confiance, j’ai besoin de sentir que c’est aussi une force d’être une femme », 

explique une jeune lobbyiste.

[…]

« Il faut que nous soyons solidaires »« j’ai besoin de comprendre les nouvelles pratiques de l’entreprise »« nous pourrions partager quelques-unes de nos difficultés », suggèrent d’autres participantes.

«Peut-on incarner le pouvoir sans se transformer en hommes? », 

s’interroge l’une d’elles, cadre dans un grand groupe.

En 2005, la création du Women’s Forum par Aude de Thuin et un groupe de femmes d’affaires avait provoqué l’étonnement, et quelques moqueries. Sous la houlette de Publicis, et la direction de Chiara Corazza, l’événement s’est transformé, mais il vit toujours et s’exporte maintenant an Canada, au Mexique ou à Singapour. Surtout, l’idée de réseau féminin s’est répandue comme une traînée de poudre. Témoignages de « rôle modèles », partage d’expériences ou engagement commun pour une cause telle que la lutte contre le sexisme, tous ont pour objectif ultime de briser le plafond de verre.

Dans et hors des entreprises

Politique, culture, business : leur nombre explose.

« C’est une lame de fond dont on ne mesure pas encore l’ampleur »,

estime Emmanuelle Gagliardi, coauteure de Réseaux au féminin  – guide pratique pour booster sa carrière (Eyrolles) dont la dernière édition, en juin 2018, en répertoriait 500 dans l’Hexagone. « C’est le double de ce qui existait dix ans plus tôt », souligne-t-elle. Grandes écoles au féminin, Elues locales, StartHer (jeunes entrepreneuses), Femmes Business Angels ou encore le Laboratoire de l’égalité, un réseau d’influence qui pèse dans le débat politique, font désormais partie des institutions bien établies.

Aujourd’hui, les réseaux féminins sont partout et fleurissent aussi à l’intérieur même des entreprises, comme en témoigne Catherine Ladousse (Lenovo). […] »

Découvrez l’intégralité de l’article « Elles essaiment sans limite », écrit par Anne-Marie Rocco dans le N° 598 de Challenges, paru le 21 février 2019, p.46-47

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