L’émancipation financière des femmes en France : une brève histoire

Aujourd’hui, mesdames, vous gérez votre argent comme bon vous semble. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. À l’instar d’autres droits, comme celui de passer le baccalauréat ou le droit de vote, les femmes en France ont dû attendre longtemps avant de pouvoir ouvrir un compte, épargner ou dépenser leur argent en toute liberté. Petit retour en arrière à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Aujourd’hui, mesdames, vous gérez votre argent comme bon vous semble. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. À l’instar d’autres droits, comme celui de passer le baccalauréat ou le droit de vote, les femmes en France ont dû attendre longtemps avant de pouvoir ouvrir un compte, épargner ou dépenser leur argent en toute liberté. Petit retour en arrière à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

La loi qui a changé la vie des Françaises

En matière d’indépendance financière des femmes, s’il y a une date à retenir, c’est le 13 juillet 1965. Ce jour-là, le Parlement vote une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte bancaire en leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari.

Il y a 54 ans à peine, les femmes mariées devaient donc présenter une « autorisation maritale » pour ouvrir un compte ou signer un contrat de travail. Et ce, alors qu’un tiers d’entre elles exerçait une activité professionnelle ! Les femmes célibataires ou veuves, elles, jouissaient de la même autonomie que les clients masculins.

De la femme « incapable majeure » à la femme « non assistée »

Pour retracer l’histoire de l’émancipation financière des femmes en France, il faut remonter à 1881. Cette année-là, une loi autorise les femmes à ouvrir un livret d’épargne en toute autonomie. Une mesure renforcée par une autre loi apparue 14 ans plus tard, et qui leur permet d’y effectuer des versements et retraits sans l’aval de leur mari.

Jusque-là consacrées « incapables majeures » par le code Napoléonien, les femmes ne pouvaient pas gérer leur épargne seules. Les lois de 1881 et 1895 abandonnent cette notion au profit d’une autre : celle de femme « non assistée de son mari », mention qui sera apposée sur les livrets de caisse d’épargne ouverts par les femmes mariées.

Puis en 1907, une autre révolution se produit : les femmes obtiennent le droit de disposer de leur salaire comme elles l’entendent.  

Quand la guerre fait évoluer les mentalités

Le mouvement d’émancipation financière des femmes en France a été accéléré par les conflits majeurs du XXe siècle. En particulier, la Première guerre mondiale (1914-1918) a conduit les femmes à entrer massivement sur le marché du travail et à gérer le quotidien sans les hommes, partis au front. L’enjeu était avant tout économique : en ces temps difficiles, il fallait trouver le moyen de soutenir le développement commercial et industriel de la France. Appelées en renfort dans les bureaux comme sur les lignes de production, les femmes mariées ont aussi bénéficié, pendant cette période, de procurations les autorisant à gérer l’argent du compte de leur mari.

Durant la Seconde guerre mondiale (1939-1945), les femmes ont également été amenées à poursuivre l’exploitation agricole tenue par leur famille. C’est aussi durant cette guerre qu’elles ont obtenu le droit de vote, par ordonnance signée le 21 avril 1944 par le Général de Gaulle.

Offensive de charme

Alors que les femmes accèdent progressivement à l’indépendance financière, les banques déploient tout un arsenal de communication pour les séduire. Le potentiel commercial est important : en 1965, année charnière pour la bancarisation féminine en France, 40 % des femmes travaillent.

Affiches, brochures, pages publicitaires dans les magazines féminins… les femmes sont invitées à ouvrir un compte, à placer leurs bijoux dans les coffres-forts des banques, à glisser un chéquier dans leur sac à main, et même à souscrire un emprunt ! Des supports pédagogiques dédiés « Les femmes et la banque » voient le jour dans les années 1960, pour contribuer à l’éducation financière des femmes. De nos jours, les banques continuent de s’adapter à leur clientèle féminine, en lui proposant des services spécifiques pour mieux répondre à ses besoins et mieux l’informer.

Alors terminé, le combat pour la parité entre les femmes et les hommes ? Hélas non. Si l’égalité est aujourd’hui inscrite dans la loi, dans les faits, les iniquités persistent. Un exemple1 : en France, les femmes gagnent toujours près de 20 % de moins que les hommes, alors que la loi impose l’égalité de rémunération pour un même travail depuis… 1946.

1Source : 
https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-de-salaires-entre-les-femmes-et-les-hommes-etat-des-lieux

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