Dans le cadre de son réseau The Ladies Bank, banque destinée aux femmes que vous pouvez retrouver sur www.ladiesbank.fr, le Groupe Oddo organisait le 29 juin 2016, en partenariat avec le cabinet Aliath, une conférence avec Marie-Jo Zimmermann sur la thématique : « un mandat dans un conseil d’administration : pourquoi pas vous ? »
Marie-Jo Zimmermann, une députée qui combat pour la parité homme-femme – ou plutôt femme-homme si on respectait tout simplement l’ordre alphabétique
La première intervenante de cette conférence est Marie-Jo Zimmermann, députée de Moselle et co-auteure de la loi Copé-Zimmermann du 28 janvier 2011 qui prévoit l’entrée de 40% de femmes dans les conseils d’administration. « Il ne faut pas re-légiférer sur l’égalité mais seulement faire appliquer la loi » parvient-elle à faire dire à Jean-Louis Debré. En effet, à l’issue de sa première élection en 1998 Marie-Jo Zimmermann se rend compte qu’il y a un véritable problème dans l’application de la parité.
La nécessaire mixité dans les conseils d’administration
La députée explique ainsi son combat pour l’aboutissement de cette loi visant à améliorer l’application de la parité dans les conseils d’administration.
La mixité dans les conseils d’administration est primordiale, car les femmes doivent prendre part aux décisions importantes de l’entreprise.
Un défi lancé par Simone Veil
« Simone Veil m’a lancé un défi et c’est grâce à elle qu’il y a eu la réforme sur la parité », affirme Marie-Jo Zimmermann qui nous raconte qu’un soir, Simone Veil est venue la voir à l’Assemblée Nationale, lui confiant la mission de faire appliquer la parité dans les conseils d’administration.
L’objectif des 40% : un long combat pour la parité
Personne ne se méfiait de moi !
Si Marie-Jo Zimmermann a vu la réussite de son entreprise, c’est également grâce à l’absence de méfiance : professeur certifiée d’histoire-géographie, pas féministe pour un sou, elle a pu porter cette loi à son aboutissement, au terme d’un long combat. Elle nous a ainsi détaillé le long périple de cette loi : en 2006, les amendements de Marie-Jo Zimmermann pour les 20% femmes dans les conseils constitutionnels se heurtent au refus du Conseil constitutionnel. La députée décide alors de ne pas s’arrêter aux 20% et de viser les 40%. La proposition de loi est votée en 2011 et l’application définitive prévue pour 2017. Si cette application débutait à 8% en 2011, elle atteint aujourd’hui presque 40%.
Une volonté d’agir au cœur de l’administration
Je veux rentrer dans le cœur de l’administration mais pas dans la vie de l’entreprise.
Selon Marie-Jo Zimmermann, l’objectif de cette loi est d’œuvrer sur les mentalités de l’administration, mais non pas d’exercer une influence sur les décisions de carrière, ce qu’impliqueraient des quotas dans les Codir et les Comex.
Un besoin de formation féminine dévoilant l’absence de parité
« Les femmes doivent être formées mais les hommes naissent administrateurs ! », explique ironiquement Marie-Jo Zimmermann. En effet, si de nombreuses femmes se forment pour occuper des postes à haute responsabilité, peu nombreux sont les hommes qui le font également. Bien que ce phénomène tende à changer, Marie-Jo Zimmerman souligne le fait qu’entre 30 et 40 ans, on propose beaucoup plus souvent une formation aux hommes plutôt qu’aux femmes sous prétexte que celles-ci sont occupées par l’éducation de leurs enfants. En réalité, la question de la formation ne leur est même pas posée.
La nécessité de légiférer pour acter le respect des femmes
Si on n’acte pas le respect que l’on doit aux femmes, on aura beau être pétri de bonnes intentions, on n’avancera pas.
En effet, le combat pour la mixité n’avance qu’au regard des lois qui permettent d’acter les progrès en faveur des femmes dans la vie professionnelle. Les propositions de lois en faveur des droits des femmes doivent devenir des projets de lois. « On est passé de la prise de conscience à la mauvaise conscience » fait remarquer Marie-Jo Zimmermann, qui affirme ensuite qu’avec une volonté de fer, il est possible de faire avancer les choses et de faire évoluer cette mauvaise conscience.
Dominique Druon, une femme dirigeante et administratrice
Dominique Druon est la 2ème intervenante de cette conférence. Fondatrice du cabinet Aliath spécialisé dans le recrutement des administratrices, elle est elle-même membre d’un conseil d’administration. Elle se décrit d’ailleurs comme une « femme-quota », ayant bénéficié de la loi Copé-Zimmermann.
Je conseille aux femmes de postuler dans les comités nomination et rémunération des conseils d’administration.
Elle considère que les femmes ont un rôle à jouer dans ces instances et affirme qu’elles y ont pleinement leur place.
La problématique de la formation
Dominique Druon revient également sur cette problématique de la formation, elle qui s’est notamment formée à l’Essec. « Ce n’est pas parce que vous vous formez que l’on va venir vous chercher pour un mandat : on se forme d’abord pour soi », mais également pour les autres. Depuis que les femmes s’inscrivent à des formations, elle remarque que les hommes suivent de plus en plus cette démarche, ce qui augmente la qualité professionnelle des conseils d’administration. Néanmoins, toutes les femmes n’ont pas forcément le temps ou le financement pour des formations longues, d’où l’offre d’Aliath de formations aux fondamentaux de l’administrateur en sept heures.
La difficulté de décrocher un premier mandat
La vraie barrière ce n’est pas la compétence, c’est la « prise de risque ».
En effet, les conseils d’administration ne viennent pas chercher les femmes qui n’ont jamais eu de mandat, pour limiter la « prise de risque ». Ainsi la plupart des femmes expliquent avoir trouvé leur premier mandat grâce à leur réseau : il faut qu’une personne leur fasse confiance, ensuite on viendra plus facilement les chercher pour le deuxième mandat.
Comment faire évoluer durablement la place des femmes dans les lieux de pouvoir ?
Marie-Jo Zimmermann donne une comparaison avec l’Assemblée Nationale pour répondre à cette question plus générale. « Quand il y a peu de femmes dans un lieu de pouvoir, deux choix s’offrent à elles » : rester entre elles pour rester le plus longtemps possible ou alors veiller à ce que d’autres prennent le relai.
Quelle place pour les femmes à l’international ?
D’après Dominique Druon, « il n’y a pas d’obstacle à ce que les femmes obtiennent un poste dans les conseils à l’international » : au contraire, beaucoup d’entreprises étrangères recherchent la culture et les pratiques que les femmes françaises peuvent apporter, à condition de parler anglais. Tout est donc possible si vous vous lancez !
Les témoignages de Marie-Jo Zimmermann et de Dominique Druon ont été très inspirants et enthousiasmants pour la salle dont l’intérêt et la réactivité se sont manifestés par de nombreuses questions. Les équipes de Ladies Bank les remercient vivement d’avoir accepté cette invitation.