Dans le paysage entrepreneurial français, les sociétés familiales sont une espèce à part. Innovantes et agiles, elles résistent mieux aux périodes de crise et ont un taux de défaillance 2 à 3 fois moins élevé que les PME classiques. Mais pour continuer à grandir, beaucoup d’entre elles décident aujourd’hui d’ouvrir leur capital via une introduction en Bourse (ou IPO, Initial Public Offering). Dirigeante de PME ou d’ETI familiale, vous envisagez vous aussi d’entrer en Bourse ? Notre expert, vous livre ses conseils pour une IPO réussie.
Pourquoi une entreprise familiale songerait-elle à entrer en Bourse ?
« Essentiellement pour lever des fonds et pourvoir financer ses projets de croissance. À travers une IPO, elle peut aussi vouloir renforcer sa structure financière, développer sa notoriété auprès de ses différentes parties prenantes ou mieux gérer la liquidité des actionnaires familiaux. D’ailleurs, ces sociétés tiennent une place de choix auprès des investisseurs boursiers, sensibles à leur recherche de pérennité, à leur gestion de très long terme et à leur prise de risque maîtrisée. »
Comment savoir si c’est le bon moment d’entrer en Bourse ?
« Tout dépend de la stratégie de la société, si par exemple elle cherche à accélérer son développement en partant à la conquête de l’international ou en réalisant des acquisitions. D’autres indicateurs du degré de maturité de l’entreprise sont à prendre en compte, comme son positionnement concurrentiel, le volume du chiffre d’affaires et le niveau de rentabilité, même si ces 2 derniers critères importent moins dans certains secteurs high tech. »
Il faut aussi être à l’écoute du marché…
« Tout-à-fait. Avant de sauter le pas, la société doit étudier les conditions de marché en se posant les bonnes questions : les investisseurs ont-ils un appétit prononcé pour les IPO et le risque en ce moment ? Quels sont les niveaux de liquidité et de collecte / décollecte des fonds actions ? Quel est le dynamisme du marché des IPO en France et en Europe ? Combien d’IPO ont réussi ? Combien ont échoué ? Quelle est la dynamique du secteur sur lequel je suis positionné ? »
Comment mettre toutes les chances de son côté ?
« Un mot d’ordre : la préparation. Comptez entre 6 et 12 mois pour cette phase amont qui doit inclure la structuration de l’équipe de management et de l’actionnariat, la réorganisation juridique de la société, l’élaboration des comptes IFRS et de la stratégie financière, les rencontres avec les banques et autres intervenants. Cette phase-clé doit aussi permettre de définir votre positionnement boursier et d’affiner votre equity story. Ne négligez pas ce dernier point : un bonne equity story est essentielle à la réussite d’une introduction en Bourse et constitue un critère d’appréciation important de la valorisation de votre société. »
Faire un tour pré-IPO auprès des venture capitalists (VC), est-ce toujours nécessaire ?
« Non, mais cette démarche peut être recommandée quand le timing des conditions de marché ne coïncide pas avec celui de la société et de ses besoins. Un VC peut alors aider la société à renforcer l’attractivité de sa proposition boursière. Un VC dit crossover peut rester au capital de la société post-IPO, gage de confiance pour les investisseurs boursiers, voire, comme c’est de plus en plus le cas, soutenir l’opération d’IPO en cas de volatilité des marchés. »
Quel montant proposer au marché lors de l’IPO ?
« Le montant doit correspondre aux besoins de votre société pour assurer son développement. L’Autorité des marchés financiers et les investisseurs demandent, lors d’un processus d’introduction en Bourse, que la société communique ouvertement et de façon transparente sur l’utilisation prévue des fonds qu’elle souhaite lever. De façon générale, Euronext considère que le flottant de la société post-introduction doit représenter au moins 20 % du capital de l’entreprise. Une taille de placement minimum (10-15 M€) est nécessaire pour intéresser un bassin d’investisseurs important et assurer, post-IPO, une vie boursière satisfaisante, notamment en matière de liquidité. »
La société familiale doit aussi anticiper l’aftermarket, surtout au niveau de la communication financière. Quels sont les points critiques à connaître de ce côté-là ?
« En réalité, l’information financière constitue le fil conducteur de l’IPO. Elle en jalonne toutes les étapes jusqu’au jour J, et reste un facteur déterminant de succès pendant toute la durée de la cotation. Se coter en Bourse, c’est en effet s’engager à communiquer régulièrement et en toute transparence sur ses chiffres et sa stratégie auprès du public et des investisseurs. Vous devez être équipé pour délivrer un flux d’informations fiables en continu, et ce, dès les premiers mois suivant l’IPO. Prévoyez aussi de consacrer du temps pour rencontrer et dialoguer régulièrement avec vos nouveaux actionnaires. Bref, il est très important d’anticiper ces chantiers pour réussir son IPO et tenir dans la durée. »
Pour une société familiale, une IPO ouvre aussi des chantiers patrimoniaux. Pourriez-vous nous les expliquer ?
« Oui, l’IPO a un impact sur la vie de l’actionnariat familial et sur l’organisation du patrimoine. C’est le cas notamment lorsque la valorisation à l’IPO est très supérieure à celle des opérations patrimoniales pré-IPO : il faut alors être vigilant sur les valorisations retenues pour ces opérations préalables, dans le cadre de donations ou de cessions entre actionnaires familiaux. Autre sujet : la liquidité du titre, qui simplifie l’acte de cession pour les actionnaires historiques. Un pacte d’actionnaires s’impose alors pour souder le noyau dur de l’actionnariat. Ces problématiques patrimoniales restent complexes : se faire accompagner par un expert est indispensable ! »
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