À 15 ans, ma fille fait ses premiers pas vers l’autonomie financière. Pour l’encourager tout en lui faisant plaisir, je lui offre pour Noël un présent d’usage sous forme d’une somme d’argent. L’occasion aussi de lui inculquer quelques bons principes en matière de gestion de budget. Découvrez mes conseils.
1. Expliquer pourquoi on donne
Je mesure bien l’impact de mon geste sur ma fille adolescente, surtout s’il s’agit d’une somme relativement importante. Pas question de la laisser croire que c’est de l’argent « facile » ou de la responsabiliser outre mesure. Je lui explique qu’il s’agit d’un cadeau destiné à lui faire plaisir tout en lui apprenant à gérer un premier « gros » budget, en dehors de l’argent de poche que je lui verse toutes les semaines.
Le présent d’usage, un geste non imposable sous conditions
Somme d’argent, bijou, objet d’art… Un présent d’usage peut prendre plusieurs formes. Mais pour être qualifié comme tel, il doit être offert à l’occasion d’un événement particulier : Noël, anniversaire, obtention du diplôme… Autre condition : sa valeur doit être modique par rapport à ma situation de fortune actuelle. L’administration fiscale ne fixe pas de règle de proportionnalité du présent d’usage par rapport à la fortune et aux revenus du donateur. Cela s’apprécie au cas par cas, la jurisprudence constante retenant un seuil d’environ 2 %.
S’il remplit ces deux conditions, un présent d’usage n’aura aucune incidence fiscale et je ne suis pas obligée de le déclarer. Il n’utilisera pas l’abattement légal applicable aux donations, ne sera pas soumis aux droits de donation ni réintégré à ma succession. Remarque : la valeur du présent peut évoluer au cours du temps. On retient sa valeur à l’époque où il a été donné.
2. Évoquer ensemble ses envies, ses projets
Ma fille s’est vite demandé ce qu’elle ferait de cet argent. Mon astuce ? La guider dans sa réflexion en lui posant quelques questions : Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? As-tu besoin de quelque chose en particulier ? Penses-tu avoir besoin de toute la somme tout de suite ou envisages-tu d’en mettre un peu de côté ?
L’intérêt : pousser l’enfant à formuler ses besoins et envies mais aussi, lui donner le sens des priorités et de l’épargne-projet. Par exemple, je n’hésite pas à lui expliquer que son père et moi économisons pour réaliser tel ou tel investissement, ou que nous temporisons un beau voyage en vue de dépenses plus urgentes, etc.
Suivant les réponses de ma fille, nous pourrons décider ensemble de la somme à dépenser tout de suite (pour un achat coup de cœur par exemple) et celle à économiser dans la perspective d’un projet à plus long terme (voyage entre amis, permis de conduire…).
3. Ouvrir un support d’épargne au nom de mon enfant
Selon le montant de la somme immédiatement disponible, je peux soit la lui donner en espèces, soit la placer dans un compte bancaire avec carte de paiement, adossée de préférence à une application mobile pour permettre à ma fille de suivre ses dépenses depuis son smartphone.
Quant à l’épargne-projet, l’idéal serait de la déposer sur un support dédié ouvert en son nom. Plusieurs solutions sont possibles.
Le livret A ou livret jeune permettent de constituer une épargne peu rémunérée mais défiscalisée. Mon enfant peut y faire des retraits librement à partir de 16 ans sauf si, en tant que représentant légal, je m’y oppose.
L’assurance vie est idéale pour valoriser une épargne à moyen ou long terme dans un cadre fiscal maîtrisé après 8 ans. Je peux l’assortir d’un pacte adjoint pour contrôler l’accès aux fonds ou l’âge auquel mon enfant pourra percevoir l’argent par exemple.
Récemment ouvert aux enfants mineurs, le Plan Epargne Retraite (PER) permet aussi de dynamiser une épargne dans la durée. De plus, tant que ma fille est rattachée à mon foyer fiscal, les versements que je lui offre sont déductibles de mes revenus imposables dans une certaine limite. Ensuite, cet argent lui est en principe bloqué jusqu’à son départ à la retraite. Toutefois, il existe des possibilités de déblocage anticipé, comme par exemple l’achat de sa résidence principale. Dans ce cas, les versements seraient soumis, pour ma fille, à l’impôt sur le revenu selon sa tranche marginale d’imposition (TMI) et les gains, à la flat tax de 30 %. Mais sa TMI en début de vie active a des chances d’être plus faible que la mienne au jour de la donation…
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Dans tous les cas, j’emmène ma fille avec moi pour qu’elle voit comment se passe l’ouverture d’un compte ou la souscription d’un produit d’épargne : un bon moyen de la familiariser avec le monde de la banque et des finances personnelles. Je lui explique aussi que certains placements peuvent lui permettre d’investir dans des thématiques qui lui tiennent à cœur, comme l’environnement ou l’inclusion sociale.
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Le PEA Jeunes dès 18 ans
À 18 ans, ma fille est encore rattachée à mon foyer fiscal ? Elle peut ouvrir un PEA Jeunes, qui fonctionne comme un PEA classique. L’intérêt d’ouvrir un tel contrat dès la majorité de l’enfant ? Profiter de ses atouts fiscaux à partir de la cinquième année de détention. Autre atout : il n’est pas nécessaire d’alimenter régulièrement le PEA pour commencer. Un versement unique de 100 € suffit pour marquer la date anniversaire de l’enveloppe.
4. Encourager l’indépendance financière et d’esprit
À 15 ans, ma fille doit aussi songer à gagner un peu d’argent par elle-même. Si le job étudiant reste la voie royale, je peux lui donner un coup de pouce en rémunérant les services exceptionnels, comme repeindre la chambre ou garder son petit frère un samedi soir…
Pas question cependant de tout mesurer en argent. Il est important que ma fille comprenne et apprécie la gratuité de certains actes. Je ne rémunère donc ni les tâches normales du quotidien, ni sa générosité spontanée envers ses proches.
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